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Réponse aux vers précédents

Claude-Joseph Dorat

L'ESPRIT DES JOURNAUX, 1775, Tome V, p. 237-38 [Réf. Gedhs : 750529]

Vous, qu'eût aimé Chaulieu,
Venez, mon jeune Horace ;
À côté d'un grand feu,
Nous boirons à la glace,
Et médirons un peu :
C'est le droit du Parnasse.
Déjà le Dieu du vin,
De pampres nous enlace ;
Vous êtes libertin,
Et l'êtes avec grâce :
Soyez roi du festin.
Apportez les tablettes
Où sont les riens charmants,
Et ces congés plaisants,
Que donnent les coquettes
À leurs tendres amants.
De l'aimable infidèle,
Qui vous tient dans ses fers,
Contez-nous les travers
Et la noirceur nouvelle.
Tous les fronts sont ouverts :
Le Champagne ruisselle,
Il mousse, il étincelle,
Et ressemble à vos vers.
Sur la fin de l'Orgie,
Nous grillerons deux mots,
De la philosophie,
Qui se moque des sots,
Et gaiement apprécie,
Les plaisirs et les maux.
Mais j'entends qu'on s'écrie :
Quoi ! ce fripon d'Amour
N'est point de la partie ?
Sans lui, passer un jour !
La triste fantaisie !
Un moment, s'il vous plaît !
Des yeux de la folie,
Vous voyez son portrait :
Je le vois tel qu'il est,
Et je le congédie.
L'enchanteur, je parie,
Vous trompe à chaque instant !...
Je me réconcilie,
S'il veut m'en faire autant.