Biographie (rédigée par le poète lui-même)

Le 29 mai 1936, naissance de Jacques Delmotte à Liège, dans le quartier populaire de Sainte-Marguerite. Son père est instituteur, sa mère professeur de dessin. Il aura une sœur (Francine, née en 1940) et un frère (Jean-Pierre, né en 1945). Ancêtres rhénans, dont on se transmet en famille de lointaines citations.

1942 : Entre à l’école primaire communale de la Place Hocheporte, où son père enseigne. Pendant les vacances, séjours dans les Ardennes liégeoises et à la côte belge. Attirance pour le théâtre de marionnettes et la prestidigitation : fasciné par le personnage d’Houdini, il s’essaie lui-même à divers tours. Engouement pour la bande dessinée, les comptines et les devinettes, les jeux de langage.

1948 : Entame des humanités gréco-latines, à l’École Moyenne et à l’Athénée Royal de Liège. Avec l’adolescence viennent les premières lectures-passions, où les poètes romantiques cèdent bientôt le pas à Picabia, Lautréamont… Il tient un « cahier de textes » personnels, qu’il fait corriger par un professeur de latin peu indulgent. Vers 16 ans, publie ses premiers poèmes dans la revue de l’Athénée, Contacts.

1954-1955 : Est inscrit à l’Université de Liège, en philologie romane, où il a Maurice Delbouille et Fernand Desonay pour professeurs. Mais, travaillant pour gagner sa vie, il ne peut suivre les cours régulièrement, et est contraint d’abandonner.

1955 : Entre à l’École Normale de Liège pour des études de régendat littéraire. Ayant rencontré Jean Colette, directeur de la revue Lettres 55 (dont le comité de rédaction se réunit à Herve), il collabore à la revue avec des poèmes et un long récit. Il reçoit bientôt les encouragements de Georges Linze et d’Alexis Curvers.

1957 : Devient professeur de cours généraux (surtout français) dans l’enseignement secondaire (technique et professionnel) de la Ville de Liège. Premiers voyages aux vacances d’été : Autriche, Italie, Suisse, Midi de la France.

À partir de 1958, poursuivant sa collaboration à Lettres 55, il entreprend une série de voyages à Paris pour y rencontrer divers écrivains : Jules Supervielle (qui lui parle d’Hubert Dubois, poète liégeois…), André Breton le 29 décembre (après quoi il visite l’Exposition Internationale du Surréalisme), Francis Ponge, Marcel Jouhandeau, Louis-Ferdinand Céline, Jules Romains, Pierre Mac Orlan. Marcel Certains de ces entretiens paraissent également dans Liège-écoles. À l’instigation de Jacques Izoard, Marcel Jouhandeau vint à Liège, où il fut reçu officiellement à l’hôtel de ville et il prononça une brillante conférence intitulée « La littérature confidentielle ». par la suite, ils se revirent souvent à Paris, et échangèrent une correspondance nourrie. En 1959, commence également à collaborer à L’Essai : il obtient, pour le nº 1, un dessin de Chagall et un poème de Soupault…

1960-1961 : Service militaire en Allemagne (Siegen, etc.), comme chasseur ardennais. Refuse de partir combattre au Congo belge. Il rend visite à Hubert Dubois — ce à quoi son père l’avait engagé depuis plusieurs années, mais jusque là sans succès. Il continue d’écrire, de correspondre avec divers écrivains. Il fait publier chez Henry Fagne (Bruxelles) des poètes français peu connus.

1962 : Publie son premier recueil, Ce manteau de pauvreté, sous le pseudonyme d’Izoard, avec une préface de Paul Gilson. Sera soutenu par plusieurs critiques, particulièrement Alain Bosquet enthousiasmé. Lie connaissance avec Christian Hubin.

1964 : Entre en correspondance avec Ossip Zadkine, lui rend visite en son atelier, rue d’Assas. Mort de son père à l’âge de 57 ans. Rencontre Octavio Paz (à Mons), Miguel-Angel Asturias. Entre au comité de réaction du Journal des poètes, où il publiera des poèmes, des entretiens, des notes de lecture. Grâce à un émigré espagnol qui vivait à Liège, Luis Castillejos Gomez, il fait la découverte émerveillée de l’Espagne. Il retournera souvent vers certains paysages qui l’ont particulièrement frappé, comme le Monastère de Notre-Dame de la Lumière à Tarifa.

1966-1970 : Fait la connaissance de Leonor Fini (qui illustre Un chemin de sel pur), de Madeleine Biefnot, de Robert Varlez, dont il découvre les premières œuvres.

1972 : Rend visite à Norge, à Saint-Paul de Vence. Membre du jury du concours « Liège des Jeunes Poètes », il éprouve un véritable choc en découvrant les textes d’Eugène Savitzkaya. Il publiera dans Le Journal des poètes le premier article sur ce jeune écrivain encore inconnu. Reçoit le Prix de Wever 1972 de l’Académie Royale de Littérature et de Langue Française pour Voix, vêtements, saccages.

1972-1979 : Lance et anime Odradek, revue exclusivement consacrée à la création poétique. Il y publiera notamment Michel Bulteau, William Cliff, Pierre Dalle Nogare, Pierre Dhainaut, Vahé Godel, Jean-Clarence Lambert, Matthieu Messagier, René Nelli, Jean-Luc Parant, Lionel Ray, André Roy, James Sacré, Jude Stéfan, Pierre Torreilles… ; un numéro exceptionnel avec des textes de Tom Gutt, de Marcel Mariën et de Scutenaire…, numéro agencé par André Stas ; un autre numéro fut consacré au Québec : Jacques Brault, Roland Giguère, Jen-Guy Pilon… Devient membre du comité d’animation de L’Atelier de l’Agneau, petite maison d’édition fondée en 1972 avec l’appui de Michel Delaive et dirigée par Robert Varlez et Françoise Favretto. C’est ainsi tout un foyer de rencontres et de création qui se développe, contribuant à lancer de jeunes poètes (Jean-Marie Mathoul, François Watlet, etc.), à susciter des manifestations, à faire dialoguer le texte et l’image. Certains critiques parleront d’une « école de Liège ». Entre-temps, Izoard participe à de nombreux colloques, à Hautvillers (près d’Épernay), à Cerisy, à Rotterdam (où il fait la connaissance d’Allen Ginsberg, qu’il publiera dans Odradek), etc. Il organise à Liège des séances de lectures publiques consacrées à la poésie : la première d’entre elles reprend un texte de Neruda, Machu Picchu. Entre en relation avec Pierre Dalle Nogare, Tahar Ben Jelloun, Yves Martin, Jean-Claude Renard, Robert Sabatier, Eugène Guillevic…

1979-1987 : Reçoit en 1979 le Prix de Poésie de l’Académie Mallarmé, au Restaurant Drouant, pour le recueil Vêtu, dévêtu, libre. Participe au premier Festival de Poésie de Louvain, dirigé par Eugène Van Itterbeek. Participe en 1980 au Colloque Québec-Belgique, à Québec et à Montréal. Collabore aux Biennales Internationales de Poésie, qu’il a contribué à déplacer de Knokke à Liège. Publie dans de nombreuses revues de poésie, en Belgique et à l’étranger (Action poétique, Le Pont de l’épée, etc.).

1988-1992 : À cinq reprises, en 1988 et 1989, séjourne à la Villa Médicis (Rome), où Eugène Savitzkaya est boursier pour deux ans. Perd sa mère, âgée de 80 ans. En 1991, collabore à 50 instantanés, une brochure consacrée aux interminables travaux publics de la Place Saint-Lambert à Liège, publiée à l’initiative de Michel Antaki, qui a animé de longues années le Cirque Divers dans le quartier de Roture à Liège.

Innombrables autres rencontres importantes, notamment Joseph Orban, Serge Delaive, Karel Logist, Frédéric Saenen, Pascal Leclercq.

1999 : Rencontre de Selçuk Mutlu, peintre puis poète, avec qui il écrira Les Girafes du sud.

1999 : Reçoit, pour le recueil Le Bleu et la Poussière, le Prix Alain Bosquet, qui lui est remis au siège des éditions Gallimard.

2000 : Fin des activités professionnelles. Nombreux poèmes traduits.

2001 : Reçoit le Prix Triennal de poésie le recueil Le Bleu et la Poussière.

2001 : Publication des recueils Dormir sept ans (La Différence) et Vin rouge au poing (L’Arbre à Paroles).

2006 : Parution des deux premiers tomes des Œuvres complètes : Poésies 1951-1978 et Poésies 1979-2000 aux éditions de La Différence.

2006 : Prix de Poésie Louis Montalte (Société des Gens de Lettres, Paris).

2007 : Publication de Thorax (Phi éditions).

2008 : Publication de Lieux épars, dernier recueil d’Izoard (La Différence).

2008 : Décès de Jacques Izoard, le 19 juillet.

2011 : Parution du troisième tome des Œuvres complètes : Poésies 2000-2008 aux éditions de La Différence.