L’étude des modalités culturelles de la perception et de la sensibilité constitue, depuis longtemps, l’une des lignes d’horizon principales de l’historiographie contemporaine. Dès les années Trente, Lucien Febvre, notamment, invitait les chercheurs à multiplier les études sur ce qu’il appelait « les supports sensibles de la pensée aux diverses époques ». Les idées qu’il défendait alors peuvent paraître datées. Mais l’intuition dont elles procèdent reste pleinement d’actualité. A la croisée des disciplines – histoire, anthropologie, sociologie, philosophie, psychologie –, se développent de nombreuses recherches qui explorent les divers registres de la perception et leur inscription dans la dimension de l’histoire et de la culture.

L’objectif de ce groupe de contact est de fédérer autour de la notion de cultures sensibles des recherches qui se déploient généralement dans des secteurs disciplinaires ou thématiques propres. Par exemple, des domaines aussi apparemment distincts que les cultures visuelles, l’anthropologie de la nature, les food studies, l’anthropologie des émotions, celle des univers sonores ou encore des modalités de la réception et de la production des images, sont-ils tous réunis par la préoccupation commune de l’étude des cultures sensibles, sans pour autant dialoguer les uns avec les autres.

En créant une telle structure d’échanges, le groupe de contact voudrait, non seulement favoriser rencontres et débats intellectuels, mais aussi susciter la création d’un nouveau terrain de recherches. Celui-ci, au départ de la notion résolument fédérative de cultures sensibles, entre étude des pratiques, des discours et des représentations, aura pour vocation de proposer de nouveaux modèles d’intelligibilité à propos de la genèse et du déploiement des identités culturelles.

Les journées d’études de Cultures sensibles