Victor Chauvin (1844 – 1913)

Né à Liège en 1844, au sein d’une famille aisée, V. Chauvin fit de brillantes études à l’Athénée de Liège avant de s’inscrire à l’Université de Liège où il obtint, en 1869, le titre de docteur en droit. 
Il n’exerça sa profession d’avocat que quelques années. Dès 1865, il avait suivi les cours d’hébreu et d’arabe de P. Burggraff, auquel il succéda en 1872. En plus de ces deux cours, V. Chauvin fut chargé d’un cours de droit musulman. 
Il fréquenta l’École des langues orientales à Paris et participa à plusieurs congrès d’orientalistes : Vienne (1886), Stockholm (1889), Londres (1892), Genève (1894).

V. Chauvin reste surtout connu par sa Bibliographie des ouvrages arabes ou relatifs aux Arabes publiés dans l’Europe chrétienne de 1810 à 1885, œuvre monumentale qui confère à son auteur, jusqu’à aujourd’hui, un renom universel. Son lointain successeur, H. Janssens, aimait à raconter qu’arrivant à l’Oriental Institute de Chicago, dans les années 1930, il avait été reçu par un professeur qui lui avoua ne connaître le nom de Liège que parce qu’il connaissait celui de V. Chauvin.

Sa propre bibliographie est considérable. Elle touche à la littérature arabe, en particulier aux Mille et Une Nuits, à l’islamologie, à la Bible, au droit, au folklore, à l’histoire.
 De son propre aveu, il tenait sa manière d’enseigner de son maître P. Burggraff. A. Bricteux a rapporté comment il avait abordé l’étude de l’arabe avec V. Chauvin. Avant même de suivre les cours de V. Chauvin, et pour être en droit de les suivre, l’élève devait apprendre seul l’écriture dans la grammaire de Caspari-Uricœchea, puis étudier les formes dérivées du verbe sain, puis traduire les premières lignes de la Chrestomathia Arabica de Kosegarten. Ayant surmonté seul ces premiers obstacles, l’étudiant autodidacte pouvait alors suivre les leçons du maître. C’est ce que A. Bricteux appelait «la méthode héroïque», par laquelle V. Chauvin cherchait à écarter «les élèves mal doués, peu persévérants ou animés d’une vaine curiosité» (A. Bricteux). Aussi avait-il peu d’auditeurs, mais il savait se détacher de l’enseignement et des recherches érudites en transmettant son immense culture dans des leçons publiques qu’il faisait à la Salle académique de l’Université : Le droit musulman, La civilisation arabe, Les Juifs d’Espagne, La médecine arabe, Mahomet dans la littérature…

Dans la notice que lui a consacrée A.Bricteux, on peut lire le portrait qu’avait tracé de V. Chauvin l’un de ses collègues : «Il portait sur le front où brillait l’intelligence une chevelure blonde et longue qui lui donnait un peu cet air de candeur que nous aimons à attribuer en propre aux artistes. Quand il faisait sa visite quotidienne à la bibliothèque de l’Université, on l’eût pris pour un vieil étudiant; sa tenue était simple et familière; impossible d’y découvrir l’ombre de hauteur ou d’affectation. Il avait beaucoup d’esprit mais sans amertume; jamais chez lui nulle trace de cette ironie qui se moque sous prétexte d’instruire ou de corriger. Dans tous ses rapports officiels ou privés, il avait quelque chose de conciliant et de bienveillant qui tempérait la rigueur des convictions et effaçait la distance qu’établit vis-à-vis de certains la hauteur de leur talent.»

Bibliographie

On trouvera une liste complète des publications de V. Chauvin dans Liber Memorialis. L’Université de Liège de 1867 à 1935. Notices bibliographiques, tome I, Faculté de Philosophie et Lettres. Faculté de Droit, Liège, Rectorat de l’Université, 1936.
 Elle a été rédigée par son successeur A. Bricteux, non sans que de très nombreuses références soient incomplètes (date, nombre de pages, numéro de la revue, …).
 Voir également la notice biographique et bibliographique très détaillée de Urbain VERMEULEN, « Chauvin Victor, oriëntalist, Waals voorman », dans Nationaal Biographisch Woordenboek, Koninklijke Vlaamse Academiën van België, Brussel, 1968, 3, pp. 134-143. 
De la longue liste de ses publications, nous n’avons retenu que les travaux jugés les plus importants du domaine arabe et du domaine biblique.

1. Livres

  • Bibliographie des ouvrages arabes ou relatifs aux Arabes publiés dans l’Europe chrétienne de 1810 à 1886, Liège, Impr. Vaillant-Carmanne, 1892-1918, 12 vol.

  • La recension égyptienne des Mille et une nuits, Bibliothèque de la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de Liège, 1899, Fascicule VI, 124 p. (Réimpression anastatique en 1993).

2. Articles

  • «La grammaire hébraïque de Clénard», dans Centralblatt für Bibliothekwesen, 1887, 22 sqq.

  • «Un manuscrit inconnu de Louqmâne», dans Journal asiatique, 1901, Neuvième Série, t. XVII, l, p. 351-355.

  • «Note pour l’histoire de l’imprimerie à Constantinople», dans Centralblatt für Bibliothekwesen, XXIV.

  • «L’étude du mahométisme en Belgique», dans Bulletin de l’Académie royale d’archéologie d’Anvers, 1909.

  • «Le livre dans le monde arabe», dans Publication du Musée du livre, XVIII.

  • «L’étude de l’hébreu à Liège», dans Annales du 21e Congrès archéologique, t. II, Liège, 1909.

  • «Genèse, XV, 21», dans Le Muséon, nouv. série, V.

  • «La défense des images chez les Musulmans», dans Annales de l’Académie d’archéologie de Belgique, 1896.

  • «Le jet des pierres au pélerinage de La Mecque», dans Annales de l’Académie royale d’archéologie d’Anvers, 5e série, t. IV.

  • «Homère et les Mille et une nuits», dans Musée belge, III.

  • «La légende égyptienne de Bonaparte», dans Mémoires de la Société des Sciences, des Arts et des Lettres du Hainaut, 6e série, IV, 84 p.

  • «Ibn Sîna», dans Le Muséon, XII.
- «Avicenne», dans Le Muséon, nouv. série, IV.

3. Traductions

  • Essai sur l’histoire de l’islamisme, par R. DOZY. Traduit du hollandais par Victor CHAUVIN, Leyde-Paris, Brill, Maisonneuve et Cie, 1879, VIII, 536 p.

  • Biographie de Reinhart Dozy, par M.J. de GOEJE. Traduit du hollandais par Victor CHAUVIN, Leyde, Brill, 1883, 45 p.