Diplomatique et diplomatie de l’époque mamelouke

Les études de F. Bauden sur les documents de chancellerie mamlouke conservés dans les autographes d’al-Maqrīzi l’ont poussé à s’intéresser à la diplomatique mamlouke dès l’an 2000. En 2003, il a aussi été invité à étudier des documents mamlouks conservés aux Archives de l’État à Venise (tous les documents ont été étudiés dans plusieurs articles publiés ou sous presse). Fort de cette spécialisation, il a poussé plus avant ses recherches sur les manuels de chancellerie rédigés à la même époque, surtout ceux qui sont encore inédits, et il a conçu un projet visant à une étude considérant l’ensemble des documents de chancellerie originaux conservés dans les archives européennes ou orientales et des copies dont on trouve la trace dans les sources historiques.

Reconstruction de documents de chancellerie réemployés comme papier de brouillon par al-Maqrīzī dans ses manuscrits holographes

Dans plusieurs des manuscrits autographes d’al-Maqrīzī, près de 500 feuillets qui correspondent à des fragments de documents émis par la chancellerie mamlouke, découpés par les marchands de papier pour en faire des cahiers et réemployés comme papier de brouillon par al-Maqrīzī ont été découverts par F. Bauden. Cette étude, qui est la corollaire de celle portant sur la carnet de notes de cet historien, envisage la reconstruction des documents originaux sur base des règles en vigueur dans la chancellerie mamlouke. Une première série de documents a déjà pu être reconstruite et les documents ont été replacés dans leur contexte historique : il s’agit de documents d’attribution de biens fonciers ( iqṭāʿ ) émis pour un bédouin d’al-Karak (Jordanie actuelle). En échange de ceux-ci, il trahit son maître, le sultan Aḥmad, et permit aux troupes de son frère, le sultan Ismāʿīl installé au Caire, de s’emparer de la citadelle et de tuer Aḥmad. Une monographie sur ce sujet est en préparation. D’autres documents seront progressivement reconstruits et publiés sous forme d’articles.

Publications relatives au projet

Édition de documents et de traités de chancellerie d’époque mamelouke

Plusieurs centaines de documents d’époque mamelouke sont conservés dans diverses collections à travers le monde. Certains d’entre eux ont retenu l’attention des chercheurs dès le début du XIXe s. Ces publications, presque toutes datées, pèchent par les méthodes qui ont été suivies pour étudier les documents à tel point que rares sont celles qui prennent en compte le commentaire diplomatique ou historique, sans parler des erreurs de lecture qu’elles contiennent. Cette déconnexion par rapport aux manuels de chancellerie rédigés à l’époque mamelouke et aux sources historiques qui permettent d’éclairer ces documents a pour conséquence que nombreux sont les cas où les lectures proposées sont erronées. Il en résulte que ces travaux doivent être revus à la lumière des développements récents dans le domaine de la diplomatique mamelouke. D’autre part, il est urgent de s’intéresser aux documents qui n’ont pas encore fait l’objet d’édition, de traduction et de commentaire diplomatique et historique. Il est aussi un autre état de fait: peu de manuels de chancellerie d’époque mamelouke ont été édités depuis la parution de l’opus magnum d’al-Qalqašandī (m. 1418) au début du siècle dernier. Or, il apparaît que plusieurs d’entre ceux qui sont encore inédits méritent d’être étudiés, car ils apportent des détails sur des périodes qui ne sont pas couvertes par l’ouvrage d’al-Qalqašandī. C’est dans cette optique que le service contribue à la révision de documents déjà publiés et à la publication d’autres documents et de manuels de chancellerie inédits.

Publications relatives au projet

Manuel de diplomatique mamelouke

La diplomatique mamelouke n’en est encore qu’à ses balbutiements. Une des raisons qui contribuent au retard pris dans ce domaine par rapport à la diplomatique occidentale tient sans aucun doute à une lacune de taille: il n’existe à ce jour aucun manuel de diplomatique mamelouke qui contribuerait à une meilleure connaissance de cette discipline et à sa diffusion auprès des jeunes chercheurs tentés par l’étude des documents de cette époque. Force est de constater que les néophytes sont obligés de se former sur le tas en s’inspirant des travaux anciens. Ce projet vise à combler cette lacune en fournissant un outil convivial et facile à utiliser de manière à rendre de manière visuelle les aspects les plus techniques.

Publications relatives au projet

La communication diplomatique est un instrument incontournable pour construire et maintenir la paix. À l’intérieur d’un projet plus vaste ( La communication diplomatique entre l’Orient islamique, l’Orient latin et Byzance ) dirigé conjointement par Frédéric Bauden, Denise Aigle (EPHE, Paris), Nicolas Drocourt (Université de Nantes) et Stéphane Péquignot (EPHE, Paris) et qui s’inscrit dans la longue durée (XIe-fin XVe s.) tout en visant à étudier de façon comparative les ambassades échangées par les puissances islamiques, aussi bien entre elles qu’avec les puissances chrétiennes, la partie dont le service a la responsabilité concerne le sultanat mamelouk. Les émissaires, les protocoles, les cérémoniaux, les langues employées et les présents diplomatiques seront placés au coeur de l’analyse. Une attention particulière sera aussi prêtée aux moments cruciaux pour la définition et l’évolution de la pratique de l’ambassade, notamment les premiers échanges d’ambassades entre puissances. Le but du projet est de dresser un historique des relations diplomatiques établies entre les sultans mamlouks et les autres pouvoirs (du XIIIe au début du XVIe s.) afin de mieux comprendre les circonstances qui ont conduit à ces échanges. En septembre 2012, un colloque international a été organisé à Liège sur ce thème. Un second colloque international a été organisé à Liège en avril 2015 sur le thème de la culture matérielle des ambassades.

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