Restauration des P. Leodienses
Papyrus non restauré

Papyrus non restauré

Si le Centre de Documentation de Papyrologie Littéraire de l’Université de Liège est connu des papyrologues pour sa collection unique au monde de 8.000 photographies de papyrus littéraires grecs et latins qu’ils viennent régulièrement consulter ou dont ils demandent souvent l’une ou l’autre copie, il possède néanmoins, depuis 50 ans, une petite collection d’authentiques papyrus, grecs pour la plupart, provenant d’Égypte. Celle-ci permet aux visiteurs, qu’ils soient étudiants, écoliers, chercheurs ou simples amateurs, d’avoir un contact direct avec des textes écrits il y a 2000 ans pour les plus anciens et quatorze siècles pour les plus récents.

Les papyrus du CEDOPAL ont été achetés au Caire en février 1954 par le Professeur Paul Mertens pour servir de matériel pédagogique aux étudiants en papyrologie. Le temps et la poussière avaient cependant fait leur œuvre et la collection de papyrus avait grand besoin d’une restauration : suite aux déménagements successifs, des cadres s’étaient brisés, avec migration de leur contenu vers les bords. Des papyrus s’étaient encrassés, en sorte qu’il était pratiquement devenu impossible de les déchiffrer. D’autres, extrêmement fragiles, commençaient à se déchirer.

Pour restaurer sa petite collection de papyrus, le CEDOPAL a pu compter sur l’aide généreuse de spécialistes italiens qui, chaque année, effectuent une campagne de restauration de papyrus au Musée du Caire : Mario Capasso, Professeur à l’Università degli Studi di Lecce, dans le sud de l’Italie, et Directeur de son Centro di Studi Papirologici, et son assistante, Natascia Pellé, chercheur à la même université, qui a déjà effectué plusieurs séjours de recherches au CEDOPAL.

Avant même leur édition, dont on espère la publication en 2006, pour célébrer le 100e anniversaire de l’ouverture officielle d’un cours de papyrologie à l’Université de Liège, la restauration des P. Leodienses, qui s’est déroulée pendant la dernière semaine de juin 2004, a apporté des résultats substantiels et quelques belles découvertes:

  • de dix entités au départ, les papyrus sont passés à un nombre de 20, grâce à l’individualisation de certains fragments et au regroupement de certains autres par l’équipe italienne, qui possède dans ce domaine une longue expérience;
  • sur un papyrus, après nettoyage de la surface, on a découvert, en plus d’un texte grec, de l’écriture démotique, qui est une cursive égyptienne;
  • trois papyrus portent, au verso, les mêmes traces de couleurs et de gypse et pourraient provenir du même cartonnage;
  • si on sait depuis longtemps, au CEDOPAL, que l’un des papyrus, qui porte la titulature de l’empereur Tibère, date très vraisemblablement de son règne, entre 14 et 37 de notre ère, l’élimination de traces de gypse sur un autre a fait apparaître une deuxième titulature impériale du Ier siècle;
  • on a pu également observer des accidents survenus lors de la fabrication du papyrus, comme, sur un document d’époque byzantine, le défaut d’une portion de la 2e couche de fibres, et, au dos d’un autre document, la présence d’une bande de renforcement collée recto contre verso, dès l’antiquité, pour consolider une partie fragile.
L'équipe italienne au travail

L’équipe italienne au travail

L'équipe et son travail

L’équipe et son travail