ASLIRA | Conférence Line Van WERSCH | 29/03/2018
L’ASLIRA à le plaisir de vous convier à sa prochaine conférence offerte par
Line Van WERSCH
Chargée de recherche FNRS | ULiège
« Analyse du site carolingien de Germigny-des-Prés et de sa mosaïque »
Jeudi 29 mars 2018, 19h00
Université de Liège, Musée de Préhistoire | Place du XX août 7 | 4000 Liège
PRÉSENTATION
L’oratoire carolingien de Germigny-des-Prés ou église de la Très-Sainte-Trinité est une église française située à Germigny-des-Prés dans le département du Loiret en région Centre-Val de Loire. Église à plan centré probablement inspiré par les églises de Ravenne, cet oratoire datant de 806 est une des plus anciennes églises de France. Il a été érigé par Théodulfe, proche conseiller de Charlemagne pour servir de lieu de culte à sa luxueuse villa. Afin de le transformer en église paroissiale, l’abside ouest sera détruite et remplacée par une nef. Classée monument historique en 1840 par Prosper Mérimée, cette église constitue un rare témoignage de l’art carolingien.
C’est la seule église de France renfermant une mosaïque appartenant à l’église primitive du style architectural carolingien construite entre 803 et 806 par Théodulf évêque d’Orléans et abbé de l’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire. Son exceptionnel état de conservation, ainsi que le sujet abordé font d’elle une œuvre unique. Elle représente l’Arche d’Alliance, coffre destiné à conserver et transporter les Tables de la Loi données par Dieu à Moïse.
Photo: https://fr.wikipedia.org/
Inscription du mosaïque :
Traduction : « Vois ici et contemple le Saint Oracle et ses chérubins, ici resplendit l’Arche du Testament Divin. Devant ce spectacle, efforce toi de toucher par tes prières le Maître du Tonnerre et ne manque pas, je t’en prie, d’associer Théodulphe à tes voeux ».
RÉSUMÉ de l’INTERVENTION
L’église de Germigny-des-Prés est une des plus anciennes de France. Construit par Théodulphe, le lieu de culte est consacré en 806. Largement restauré au 19e siècle, il conserve cependant une partie de sa décoration initiale dont les seules mosaïques carolingiennes connues au nord des Alpes. Depuis trois ans, ce site exceptionnel fait l’objet de recherches menées par une équipe internationale utilisant des méthodes de prospection, d’analyse et de relevé à la pointe des technologies actuelles et mises au service de l’archéologie.
Aristocrate de naissance, Théodulphe est un proche conseiller de Charlemagne, abbé de Fleury et évêque d’Orléans. L’abbaye possède à Germigny-des-Prés une villa que Théodulphe décide de transformer pour en faire sa résidence de campagne. Il y construit un oratoire et fait richement décorer les bâtiments. De ce complexe résidentiel, seul subsiste l’église. Si le palais d’Aix-la-Chapelle a bien servi de modèle comme le mentionne le catalogue des abbés de Fleury, il est plus que probable que les bâtiments de la villa se trouvent à proximité de l’édifice religieux de même que les vestiges des ateliers liés à sa construction. Des prospections par radar-sol ont donc été entreprises dans l’église et sur ces abords révélant la présence de structures bâties.
Dans le cadre d’un post-doctorat sur le verre alto-médiéval dans le nord-ouest de l’Europe, les tesselles des mosaïques ont fait l’objet d’une étude approfondie afin d’en déterminer les matériaux et techniques, puis autant que possible, de les dater et d’en retracer la provenance. À partir d’observations à l’œil nu de même qu’à la loupe binoculaire (X64) et d’analyses in situ en PXRF, les zones restaurées peuvent être distinguées des plages originales. Des analyses élémentaires en EMS-WDS et LA-ICP-MS sur les tesselles alto-médiévales montrent que les cubes de verre sont faits d’un matériau importé, fabriqué à partir de sable et de natron. Pour les cubes colorés, diverses sources d’approvisionnement ont été utilisées. En revanche, si une partie du verre des tesselles dorées et argentées provient du recyclage, les cubes de Germigny pourraient correspondre à une commande spécifique, peut-être réalisée sur le site.
Enfin, un relevé 3D de l’église et plus particulièrement de l’abside orientale où se trouve les mosaïques a été entrepris en collaboration avec les géomaticiens de l’Université de Liège. Pour l’étude de la mosaïque, ce relevé permet de localiser les différentes tesselles et d’obtenir un plan et une coupe très précise de l’abside. Il est ainsi possible de quantifier les différents matériaux présents afin d’avoir un idée précise de l’approvisionnement nécessaire. Ce scan 3D sera aussi utilisé pour la gestion de l’information et la visualisation du résultat des recherches que nous espérons poursuivre sur le site.
Les résultats présentés lors de cette conférence ont été obtenus avec la collaboration de : François-Philippe Hocquet et David Strivay (Centre européen d’archéométrie, UR Art, Archéologie, Patrimoine, Université de Liège), Florent Poux et Roland Billen (Unité de Géomatique, UR Sphères, Université de Liège), Andreas Kronz et Klaus Simon (Geowissenschaftliches Zentrum (GZG), Georg-August-Universität Göttingen), Christian Camerlynck (UMR 7619 Metis, Sorbonne Universités – UPMC-Paris 6), Christian Sapin (CNRS, UMR 6298 ARTeHIS, Université de Dijon, centres d’études médiévales d’Auxerre)
et le soutient de : la commune de Germigny-des-Prés, la DRAC Centre Val-de-Loire, le FRS-FNRS, le prix Comhaire de la fondation Roi Baudouin et l’association ARCHEA.
Line Van Wersch
Postdoc ERC Advanced Project Rural Riches, Université de Liège, UR Art, Archéologie, Patrimoine – Leiden University, Faculty of Archaeology.
