ABSTRACT: « L’émergence orientale des traditions culturelles au Paléolithique supérieur européen » | 22/03/2017 | MNHN Paris
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Master du Museum, MNHN | 22/03/2017

MNHN, Paris, dans le cadre du master du Muséum, module QPP8
Comportements de subsistance et territoires au Paléolithique moyen et supérieur

Intitulé du cours de Marcel Otte | 22/03/2017 :
« L’émergence orientale des traditions culturelles au Paléolithique supérieur européen »

Les Sungiriens, première civilisation d’Europe

Il y a 47.000 ans , le Sungirien mettait le pied en Europe orientale. Les symboles et rituels de cette civilisation moderne et chamanique révèlent un grand raffinement.

De nouvelles pièces de notre Histoire ont été exhumées de cartons archéologiques russes. Le Sungirien serait le premier homme moderne à avoir foulé le sol européen. La datation via stratigraphie et analyses au carbone 14 détecte sa présence à partir de 45.000 ans avant J.-C. Il serait donc arrivé en Europe avant l’Aurignacien ou Cro-Magnon. Mais il n’aurait jamais mis un orteil en Europe occidentale. En effet, il se serait cantonné au flanc ouest de l’Oural, à la région allant de la Crimée à environ 200 km à l’est de Moscou, sans pousser davantage l’exploration vers l’Occident.

« Durant environ 10.000 ans, cette superbe civilisation s’est développée, portée par une humanité totalement moderne, à l’évolution anatomique avancée, sans que les chercheurs occidentaux s’y soient intéressés », mentionne le P r Marcel Otte, préhistorien à l’ULg. Il vient de présider, à l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg, une rencontre scientifique internationale qui, en synthétisant les données des multiples fouilles menées en une quinzaine de sites, révèle la civilisation sungirienne, jusqu’alors méconnue.

Car, « sur base de leurs pratiques de chasse (les Sungiriens ne chassaient pas n’importe quoi n’importe comment), de leur habitat, de leurs rites funéraires et d’autres aspects plus techniques, il s’agit bel et bien d’une civilisation , poursuit Marcel Otte. Elle possédait des sépultures somptueuses, aux décors sculptés, aux symboles circulaires à rayons comme les rouelles magiques. L’outillage y était aussi d’une extrême finesse, dépourvu de toute fonction utilitaire, seule l’élégance semblait guider la forme ».

C’était une civilisation chamanique, vivant en équilibre avec la nature. Le rapport à l’animal se retrouve dans les statuettes et les armes en ossements. Mais aussi dans les milliers de perles en ivoire et en coquilles marines fossiles (révélant des contacts à longue distance) retrouvées sur les squelettes. A noter que seules des sépultures de prestige ont été découvertes.

De grands habitats en ossements de mammouth, vraisemblablement des maisons rituelles ou de chef, ont également été mis au jour. De 20 m sur 10 m, ils étaient calfeutrés par des mandibules et omoplates gigantesques. On connaît également des habitats « normaux » d’un diamètre de 5-6 mètres avec un foyer. « Peut-être les Sungiriens revenaient-ils au même endroit après s’être déplacés – dit le Pr Otte – Cette idée de sédentarité est confortée par leur expansion spatiale limitée». Sans aucun doute, les Sungiriens ont encore beaucoup à nous apprendre.

| Le Soir* | 05/03/2016 | Laetitia Theunis |
*Le Soir Brabant Wallon, Le Soir Hainaut, Le Soir Bruxelles, Le Soir Liège, Le Soir Namur Luxembourg