ABSTRACT: Marc-Émmanuel MÉLON, Professeur, ULiège, « La responsabilité de la Ville de Liège dans la destruction de son patrimoine architectural, 1794-2017 » | 23/11/2017 | ULg

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ASLIRA | Conférence M.-É. MÉLON | 23/11/2017

L’ASLIRA à le plaisir de vous convier à sa prochaine conférence offerte par

Marc-Émmanuel MÉLON

Professeur | ULiège

« La responsabilité de la Ville de Liège dans la destruction de son patrimoine architectural, 1794-2017″

Jeudi 23 novembre 2017, 19h00
Université de Liège, Musée de Préhistoire | Place du XX août 7 | 4000 Liège



RÉSUMÉ de l’INTERVENTION

À Liège comme à Paris (et au contraire de la plupart des grandes villes européennes qui ont souffert des guerres, de séismes ou d’incendies), la disparition d’une grande partie du patrimoine architectural est due aux décisions prises par les édiles communaux. Mais, à la différence de Paris devenue une ville du XIXe siècle, les Liégeois ont poursuivi le travail tout au long du XXe siècle jusqu’à aujourd’hui, détruisant ce qui n’avait pas encore été détruit et ensuite ce qui avait été reconstruit. Une telle persévérance dans la destruction progressive du patrimoine liégeois pose question et demande de s’interroger sur ses motivations.

À relire celles exprimées ouvertement en conseil communal ou dans diverses publications émanant des autorités publiques, on comprend que la notion de « patrimoine » telle que nous l’entendons aujourd’hui était totalement absente du discours politique jusqu’à la fin du XXe siècle. Les seuls édifices dignes d’être conservés étaient les « monuments » dont le caractère exceptionnel devait encore être prouvé. Cette conception réductrice du patrimoine explique pourquoi Liège a perdu la quasi-totalité de son « cœur historique », mais aussi la plus grande partie du patrimoine privé remarquable construit au XIXe siècle.

Cette relecture fait aussi surgir d’étonnantes lignes de continuité. Depuis la démolition de la Cathédrale Saint-Lambert, décrétée par l’Administration centrale de la Ville de Liège en 1794, jusqu’aux menaces qui pèsent aujourd’hui encore sur certains édifices remarquables (Palais des fêtes de Coronmeuse, Piscine de l’évêché, Maison Rigo) et sur des quartiers entiers (cathédrale nord, Madeleine), on constate la récurrence des mêmes arguments. D’un côté, par imitation de l’urbanisme haussmannien, la vieille ville médiévale a

été détruite au nom de la circulation, de l’assainissement et de la modernisation, arguments défendables quoique discutables dans leur application;   mais d’un autre côté le patrimoine liégeois a été sacrifié au nom de « l’embellissement » (donc du jugement de goût ), de la rentabilité et du profit (donc de l’ignorance de la valeur pécuniaire de ce patrimoine), de considérations idéologiques à haute valeur symbolique (la cathédrale Saint-Lambert symbole de la tyrannie et « bastille » de la révolution liégeoise) et enfin d’une conception soi-disant moderniste de la «  grandeur » d’une ville qui ne pourrait naître que de sa reconstruction.

La conférence sera illustrée de photographies anciennes.


Plan d’accès à l’Amphithéâtre Wittert,
Bâtiment A1 | Bâtiment central | 20-Août
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