Cette thématique de recherche gravite autour de l’Italie méridionale durant les périodes historiques qui précèdent l’expansion de l’autorité de Rome sur ces territoires, à savoir l’Apulie (actuelles Pouilles), la Lucanie (actuelle Basilicate), la Campanie, la Calabre et la Sicile, avant le IIIe s. av. J.-C. Durant l’Antiquité, cette partie du monde méditerranéen était connue sous l’appellation de « Grande Grèce ». A partir du début du VIIIe siècle avant notre ère, des Grecs, provenant de différentes parties de monde hellénique, ont traversé les mers ionienne et tyrrhénienne afin de fonder de nouvelles cités en Italie méridionale, principalement sur le littoral: Pithécusses, Cumes et Naples en Campanie ; Tarente en Apulie ; Métaponte, Siris et Héraclée en Basilicate ; Crotone, Locres, Rhegion, Sybaris puis Thourioi en Calabre ; Syracuse, Gela, Agrigente et Sélinonte en Sicile. Ces cités – parmi bien d’autres – font partie de cet élan d’expansion du monde grec en Occident. Ces Grecs ne sont cependant pas arrivés sur des territoires vierges de toutes présence humaine : des populations indigènes occupaient l’intérieur des terres depuis la Préhistoire et ces territoires ont ensuite connu différentes vagues de peuplement à la fin de l’Âge du Bronze et au début de l’Âge du Fer (début du Ier millénaire av. J.-C.). Des contacts entre Grecs et indigènes – tantôt pacifiques, tantôt mitigés, parfois belliqueux – sont nées une société et une culture complexes, constituées, d’une part, de Grecs apprenant, grâce aux indigènes, à tirer profit de ces territoires et, d’autre part, de populations indigènes au degré d’hellénisation varié.

Deux axes majeurs structurent cette thématique de recherche :

AXE 1 – Les cultes démétriaques en Grande Grèce
AXE 2 – Garaguso et la vallée de la Salandrella

L’objectif majeur de ces axes de recherche consiste à faire de l’Université de Liège un centre de référence pour l’étude de la Magna Grecia par la reprise – notamment – des fouilles du sanctuaire de la « Vigna Manzi » à Garaguso et de la diffusion des résultats scientifiques liés. Ce projet de recherche vise à implanter durablement en Italie méridionale le Service d’Histoire de l’art et Archéologie de l’Antiquité gréco-romaine et permettra de réunir, à l’Université de Liège, une bibliothèque et une iconothèque de premier ordre concernant les civilisations grecque et indigène qui se sont développées sur ce territoire particulier entre le VIIIe et le IIIe s. av. J.-C.

AXE 1 – CULTES DEMETRIAQUES EN GRANDE GRECE

Le matériel archéologique d’Italie méridionale témoigne de l’importance de la figure de Déméter aussi bien auprès des populations grecques qu’indigènes. Cependant, cette divinité ne peut pas être comprise si elle est envisagée seule ; elle doit être associées aux membres de la « famille démétriaque » dont sa fille, Perséphone. En effet, le matériel se rapportant à Perséphone est tout aussi important, mais ces deux ensembles ne paraissent pas avoir été confrontés. Les liens entre ces deux déesses s’imposent pourtant d’eux-mêmes notamment dans des cultes de type « thesmophoriques », répandus à travers l’ensemble du monde grec. L’iconographie italiote présente des sujets mythologiques à caractère éleusinien, autre sphère associant les membres de la « famille démétriaque ».

L’objectif de cet axe de recherche est de tracer des points d’intersections entre des éléments jusqu’alors étudiés sans mise en relation systématique. Le matériel étudié – aussi bien grec qu’indigène – appartient essentiellement aux époques archaïque et classique. Il s’agit de dépôts votifs (statuettes, objets, reliefs en terre cuite et vases) mis au jour dans des sanctuaires tels que ceux de Cumes, d’Héraclée, de Métaponte, de Tarente, de Crotone, de Locres, de Poseidonia, d’Ariccia, de Garaguso, de Montescaglioso, d’Oria, de Timmari, de Santa Maria d’Anglona, d’Agrigente, de Syracuse, de Gela, de Sélinonte, de Morgantina, d’Eloro ou d’Enna.

Le mobilier des tombes (vases et offrandes funéraires) renvoie également à la sphère cultuelle. L’analyse iconographique de l’imagerie présente sur ces différentes sources fait aussi l’objet d’une attention toute particulière. Il s’agit ainsi d’évaluer la part démétriaque (thesmophorique et/ou éleusinienne) des cultes d’Italie méridionale telle que la laisse transparaître la culture matérielle.

La thèse de doctorat de Graham Cuvelier (aspirant F.R.S.-FNRS), « Δάματρι καὶ Kόραι παρκαττίθεται. Les cultes démétriaques en Italie méridionale à travers la culture matérielle »  s’inscrit parfaitement bien dans cet axe de recherche. Cette enquête particulière, fortement ancrée dans les territoires de la Magna Grecia, permet de poser les fondations d’un édifice intellectuel élaboré depuis une pleine décennie par le Prof. Thomas Morard, dans le sillage des travaux du Prof. Jean-Marc Moret.

ÉQUIPE

Thomas MORARD, Graham CUVELIER

BIBLIOGRAPHIE

Publiés

Graham CUVELIER, « Demeter’s Arrival at Eleusis on an Apulian Oinochoe kept in Foggia », BABESCH. Annual Papers on Mediterranean Archaeology 92 (2017), pp. 115-138.
http://hdl.handle.net/2268/204472

Graham CUVELIER, « L’enquête sur le fragment apulien Kiev 147 a », Métis 15 (2017), pp. 283-305.
http://hdl.handle.net/2268/204477

AXE 2 – GARAGUSO ET LA VALLEE DE LA SALANDRELLA

Le site de Garaguso fait partie des grands centres indigènes qui contrôlaient l’intérieur des terres de la Lucanie antique. Il domine la Salandrella, un affluent du Cavone, l’un des cinq cours d’eau navigables qui traversent la Basilicate pour se jeter dans le Golfe de Tarente en passant par le territoire de la cité grecque de Métaponte. Cette position stratégique a ainsi permis à Garaguso d’occuper une place de choix au sein des relations avec les Grecs et de connaître par conséquent une degré d’hellénisation élevé – particulièrement à partir du VIe siècle avant notre ère. De plus, Garaguso abritait l’un des sanctuaires indigènes les plus importants de Lucanie, comme a pu en attester la recherche archéologique qui s’y est développée depuis le début du siècle dernier. Le point de départ remonte à 1916 avec la mise au jour, sur le lieu-dit de la « Vigna Manzi », des vestiges d’un édifice contenant un important dépôt votif au sein duquel figure la célèbre « Dea di Garaguso ». Plus récemment, durant l’été 2008, un sondage stratigraphique y a été ouvert, sous la direction du Prof. Jean-Marc Moret (Université Lyon 2) qui a révélé un réseau de structures monumentales mettant en évidence la présence d’un dispositif de terrassement et confirmant alors l’importance de ce site archéologique.

Cet axe de recherche ne manquera pas d’envisager les sanctuaires de Garaguso, y compris les sanctuaires de sources, dans un réseau beaucoup plus vaste intégrant l’ensemble des sites sacrés de la vallée de la Salandrella. Plusieurs mémoires de master s’inscrivent d’ores et déjà dans cet élan.

ÉQUIPE

Thomas MORARD, Graham CUVELIER, Lucie MOTTA & Tommy DESWYSEN

BIBLIOGRAPHIE

A paraître

Graham CUVELIER, Thomas MORARD & Lucie MOTTA, « La “Vigna Manzi” a Garaguso (Basilicate). Vecchi scavi e ricerche in corso e prospettive di studio di un importante sito indigeno », à paraître in SIRIS 2020.

Publiés

Graham CUVELIER, « La “Vigna Manzi” à Garaguso (Basilicate). Un nouveau projet de recherche archéologique de l’Université de Liège », in V. Genin (éd.), Deux siècles au service des sciences humaines. Contribution(s) de l’Université de Liège (1817-2017), Actes du colloque célébrant le bicentenaire de l’Université de Liège (Université de Liège, 8-10 février 2017), Bruxelles 2019, pp. 223-238.
http://hdl.handle.net/2268/237085

Graham CUVELIER et alii, « Gli scavi della « Vigna Manzi » (1916) – Vittorio Di Cicco », présentation et installation de poster lors de l’inauguration (4 septembre 2018) du musée du Palazzo Revertera à Garaguso (Basilicate).
http://hdl.handle.net/2268/227686

Graham CUVELIER et alii, « Gli scavi della « Vigna Manzi » (1969-1970) – Jean-Paul Morel », présentation et installation de poster lors de l’inauguration (4 septembre 2018) du musée du Palazzo Revertera à Garaguso (Basilicate).
http://hdl.handle.net/2268/227687

Graham CUVELIER et alii, « Gli scavi della « Vigna Manzi » (2008) – Jean-Marc Moret », présentation et installation de poster lors de l’inauguration (4 septembre 2018) du musée du Palazzo Revertera à Garaguso (Basilicate).
http://hdl.handle.net/2268/227688